samedi 12 avril 2008

Le livre noir de la jeunesse fait rire jaune


Ce n’est pas pour rien que Le livre noir de la jeunesse fait partie des références en sociologie. En effet, Michel Fize, que l’on a souvent l’occasion de voir sur le plateau de Jean-Luc Delarue ou de lire dans les colonnes des journaux nationaux, nous livre ici une réflexion très bien menée sur le statut des jeunes aujourd’hui. Dès les premières pages, le ton est donné : le jeune apparaît comme un être en devenir, un « sous-adulte » qui inspire à la fois mépris et envie, et souffre de discrimination. C’est l’âge qui semble représenter le fondement du pouvoir dans nos sociétés. Le verdict est donc sans appel : la jeunesse séduit, mais elle n’intéresse pas ! Du moins, en dehors de son statut de consommatrice.
En avançant des arguments historiques, l’auteur prouve que les jeunes forment finalement une minorité sans réels moyens de défense. Tout est fait pour qu’ils soient infantilisés et éloignés des responsabilités, que ce soit sur le plan de l’école, des loisirs ou politique. Leur émancipation est même de plus en plus tardive. D’abord parce qu’avec l’allongement de la durée des études, ils sont dépendants de leurs parents plus longtemps. Ensuite parce que la société propose traditionnellement à la jeunesse l’insertion par le travail et que cette tendance est en train de s’effondrer. En plus des chiffres affolants du chômage chez les jeunes, il faut compter sur tous ceux qui se trouvent en situation précaire : CES, CDD, intérim… Un débutant met quatre à cinq ans pour avoir une vie professionnelle stable. Les jeunes embauchés le sont parce qu’ils sont moins chers, plus malléables et plus mobiles. Et nombre de jeunes se voient refuser un emploi sous prétexte qu’ils n’ont pas d’expérience. Joli tableau !
Que reste-t-il alors à cette jeunesse ? Peut-être cette « culture jeune » dont on entend régulièrement parler depuis Woodstock. Et encore est-elle aujourd’hui très vite aspirée par le système et perçue la plupart du temps de façon négative – il n’y a qu’à penser au rap… bien que des efforts aient récemment été faits sur le traitement lié au phénomène de la tecktonik dans les médias. Elle peut tout de même se targuer de prendre sa revanche par sa facilité d’usage des nouvelles technologies, et surtout d’Internet.
Evidemment, le livre de Michel Fize a quelques défauts. Pourtant, pour une fois, les jeunes ne sont pas seuls pointés du doigt, même s’ils sont trop concentrés sur leur bonheur individuel pour changer la donne. Ce sont même les adultes qui culpabilisent en refermant le livre. On est loin de l’image véhiculée par les médias qui, quand ils nous montrent un jeune de banlieue qui s’en sort bien, soulignent que c’est assez exceptionnel pour qu’ils en fassent le portrait. A méditer…Emma

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