mercredi 19 mars 2008

Pascal, messie d’une jeunesse en détresse ?

Il sévit déjà depuis quelques temps en deuxième partie de soirée sur TF1 et l’on se demande presque ce que l’on ferait sans lui : Pascal, le grand frère, apparaît comme le sauveur providentiel de jeunes « difficiles ».
Premier hic, si nombre de jeunes connaissent aujourd’hui des problèmes scolaires, familiaux, ou encore de comportement, le fait de les exposer devant les caméras est-il vraiment la solution ? En effet, l’émission nous montre du trash, des jeunes qui insultent, qui cognent, qui ne respectent aucune autorité… et même si Pascal réussit toujours à les « remettre dans le droit chemin » à la fin de ces tranches de vie mouvementées et romanesques, on peut se demander si la starisation éphémères de ces jeunes n’a finalement pas l’effet inverse à celui escompté – ou du moins déclaré. N’accentuent-ils pas leur agressivité et leur vulgarité pour mieux se faire remarquer ?
Pas question en tous cas de choisir n’importe quel « jeune en difficulté », il faut bien sûr des « cas spectaculaires » qui scandalisent l’opinion publique. Pari tenu, on ne peut rester totalement insensible devant les images diffusées. Lors de la dernière émission, Thibaut déclarait sans prendre de gant qu’il ne ressentirait rien si sa mère « crevait »… Il « tyrannisait » sans vergogne son entourage, comme on nous l’annonçait en titre d’émission, coupant court à tout dialogue en lui préférant les injures. Avant lui, Coralie faisait elle aussi sa loi chez elle, piquant crise de nerfs sur crise de nerfs, sortant au milieu de la nuit quand ça la chantait et imposant à sa famille la présence quasi permanente de son petit ami. Chaque fois, les clichés sont rois. Bien sûr, les spectateurs devraient avoir assez de recul pour les prendre comme tels, mais est-il vraiment nécessaire de donner de la jeunesse contemporaine – et surtout, disons-le, des « jeunes de banlieue » - une image si stéréotypée ? D’ailleurs quand ils sont issus de milieux un peu plus favorisés, Pascal s’empresse de leur faire comprendre la chance qu’ils ont en les emmenant en visite dans son ex quartier. Ainsi, Thibaud a clamé sa « peur » quand Pascal l’a « menacé » de le laisser seul au milieu des jeunes « de la cité »… On en tremblait presque derrière l’écran de notre télévision. Mais on tremble surtout face au manque de nuances dans les propos diffusés.
Deuxième hic, la mise en scène de ces tranches de vie. La voix off qui nous raconte tous les drames qui ont jalonné la vie de la famille vedette en est le parfait exemple : les parents impuissants, les événements douloureux comme facteurs d’explication… Le scénario sonne tout de même faux. Comment peut-on prétendre qu’un court séjour du grand frère puisse permettre de résoudre des soucis - et souvent un mal-être - qui n’ont fait que s’accentuer depuis des années ? Finalement, l’image que l’on donne des parents est encore pire que celles de ces jeunes indisciplinés : leur rôle dans l’éducation de leur enfant apparaît presque mineur comparé à celui que joue un parfait étranger de passage, tout éducateur spécialisé soit-il. Grandiose !
Le programme est pourtant très regardé. Espérons que ce soit avec cynisme…(Virginie, étudiante)

dimanche 16 mars 2008

CHILDREN SEE CHILDREN DO.

L’association child friendly a mis en ligne une vidéo « préventive » à destination des parents.
Le film débute doucement. Une femme téléphone, s’agite. A ses côtés une enfant (invisible pour l’adulte?) reproduit son comportement. Les décors changent, les personnages aussi, mais toujours le même schéma : un adulte aux actes contestables et un enfant dans son ombre qui l’imite.
L’adulte fume, écrase sa clop par terre, vomit, boit, jette sa canette, bouscule, insulte, crie, humilie…Les scènes vont crescendo, de la simple incivilité à l’agressivité. Et la violence domestique en bouquet final.. L’homme tabasse sa femme, le petit garçon tabasse sa mère.
Ouf, fini! les cris retombent.
Cette vidéo atterre par son rythme frénétique, violent, ses images dérangeantes qui à défaut d’être convaincantes tant elles sont manichéennes et prévisibles, épuisent et surtout troublent. Tout est certainement dans la forme, efficace! Le fond est plus discutable. Heureusement, heureusement, restons optimistes et plus modérés!!! Lola

jeudi 13 mars 2008

Facebook : Big Brother à la page ?

« Ça y’est, tu t’y mets, il était temps ! » peut-on par exemple lire sur le « wall » d’un nouvel inscrit sur Facebook. Parfois, les amis préviennent aussi : « attention, on devient vite accro ! ». Faut-il donc y voir une nouvelle addiction des jeunes ? Sans doute le mot est-il trop fort, mais il n’en reste pas moins que les réseaux sociaux américains du type My Space ou Facebook sont devenus un véritable phénomène du net avec plus de trois millions d’utilisateurs chez les Français.
Les raisons de ce succès reposent surtout sur la possibilité d’entrer en contact avec n’importe quelle personne inscrite. Un clic, une confirmation de l’autre, et il fait partie de votre liste d’amis. L’avantage, c’est que l’on peut ainsi retrouver des personnes perdues de vue, un peu comme on le faisait avec des sites comme Copains d’avant. L’inconvénient, c’est qu’à trop « sociabiliser » virtuellement, on aurait tendance à en oublier le contact humain traditionnel. Quel nouvel inscrit ne se laisse pas prendre au jeu de la consultation des profils de ses anciens camarades, au point de pouvoir passer plusieurs heures d’affilée sur Facebook ?
Il faut dire que les pages peuvent être très fournies… On y crée des albums photos, on affiche ses goûts, on y inscrit son humeur du jour, ses coordonnées – parfois même son adresse… à méditer pour les plus jeunes - etc. Sans compter toutes les applications pour lesquelles chaque membre est sollicité tous les jours : des tests, des quizz, des jeux pour trouver le partenaire idéal… Plus qu’un Msn moderne, Facebook se veut presque club de rencontre. Et même s’il est possible de préciser ce que vous venez y chercher (contacts professionnels, amitié, relation amoureuse…), il n’est pas rare de recevoir des messages d’illustres inconnus qui vous proposent de faire connaissance. Méfiance donc, il ne serait pas prudent de laisser un adolescent s’inscrire sans lui expliquer les risques auxquels il s’expose.
L’autre effet pervers de ce site c’est qu’à trop dévoiler son quotidien sur le net, n’importe qui peut en apprendre plus qu’il n’en faut sur votre petite personne. Il y a tout de même une possibilité de limiter l’accès de son profil aux personnes faisant partie de sa liste d’amis. Et c’est sans doute la bonne solution pour éviter l’effet « Big Brother ». En effet, les jeunes (et parfois les moins jeunes!) oublient parfois un peu vite qu’ils ne sont pas les seuls à fréquenter ces réseaux qui sont de vraies mines d’or pour les sociétés de marketing, ou même pour leur futur employeur avant un entretien d’embauche.
Ainsi, bien qu’on ait vu se développer ces dernières années des campagnes de prévention contre les risques d’Internet auprès des écoliers et des parents, une nouvelle réflexion semble indispensable devant ce type de sites( Virginie Gruenenberger, étudiante)

mercredi 12 mars 2008

Visages de l'adolescence au cinéma : "JUNO"


J'ai beaucoup aimé ce film de Jason Reitman qui nous présente un visage de l'adolescence inhabituel, du moins dans le cinéma français. Juno est cette jeune fille de 16 ans, qui se retrouve enceinte de Paulie, son petit copain, après lui avoir fait perdre sa virginité, en même temps qu'elle perdait la sienne, et qui décide de porter l'enfant jusqu'à sa naissance avant de le faire adopter. Mettant de côté l'aspect juridique de la situation (en France elle ne choisirait pas la famille adoptante...) on ne peut que se réjouir de la vitalité et de l'esprit de décision de Juno, qui garde jusqu'au bout son humour et sa fantaisie. Elle résiste à toute image d'elle-même en victime et assume avec crânerie ses transformations physiques qui ne manquent pas d'être observées ostensiblement par ses camarades de lycée. J'ai aimé aussi ce personnage de Paulie, adolescent hors des stéréotypes habituels de la virilité. Il est doux, plus préoccupé par ses études et ses compétitions sportives que tombeur de filles. C'est d'ailleurs bien Juno qui, entre eux, mène la danse, mais ne souhaite pas lui faire porter la charge de responsabilité de ce qui lui arrive. Et les critiques ont tous été enthousiastes devant cette comédie abordant un sujet grave, sans dramatisation ni misérabilisme.
Pourquoi alors cette gêne malgré tout. Sans doute parce que rien n'est dit sur l'éducation sexuelle de la jeune fille, alors même qu'on présente son père et sa belle-mère comme très ouverts et très "cool". Visage d'adolescente libérée certes, mais insuffisamment responsabilisée et prévenue des conséquences de sa libération sexuelle. Rien n'est dit non plus sur le ressenti de Juno par rapport à cette vie qui se développe en elle mais qui s'achèvera à la naissance par une séparation définitive. Un tel détachement est-il possible ? Un film français de 2004 ("Brodeuses" de Eléonore Faucher) a abordé ce sujet de manière plus réaliste et vraisemblable, du moins dans le contexte qui est le nôtre. Claire, l'adolescente de ce dernier film, décide elle aussi d'accoucher sous X. mais ce qu'elle vit tout au long de sa grossesse ne laisse pas de la transformer. Toute la question est donc : Juno est-elle représentative d'une adolescente américaine de la classe moyenne ou est-ce... un conte de fées ? (Maguy Chailley)