mercredi 12 mars 2008

Visages de l'adolescence au cinéma : "JUNO"


J'ai beaucoup aimé ce film de Jason Reitman qui nous présente un visage de l'adolescence inhabituel, du moins dans le cinéma français. Juno est cette jeune fille de 16 ans, qui se retrouve enceinte de Paulie, son petit copain, après lui avoir fait perdre sa virginité, en même temps qu'elle perdait la sienne, et qui décide de porter l'enfant jusqu'à sa naissance avant de le faire adopter. Mettant de côté l'aspect juridique de la situation (en France elle ne choisirait pas la famille adoptante...) on ne peut que se réjouir de la vitalité et de l'esprit de décision de Juno, qui garde jusqu'au bout son humour et sa fantaisie. Elle résiste à toute image d'elle-même en victime et assume avec crânerie ses transformations physiques qui ne manquent pas d'être observées ostensiblement par ses camarades de lycée. J'ai aimé aussi ce personnage de Paulie, adolescent hors des stéréotypes habituels de la virilité. Il est doux, plus préoccupé par ses études et ses compétitions sportives que tombeur de filles. C'est d'ailleurs bien Juno qui, entre eux, mène la danse, mais ne souhaite pas lui faire porter la charge de responsabilité de ce qui lui arrive. Et les critiques ont tous été enthousiastes devant cette comédie abordant un sujet grave, sans dramatisation ni misérabilisme.
Pourquoi alors cette gêne malgré tout. Sans doute parce que rien n'est dit sur l'éducation sexuelle de la jeune fille, alors même qu'on présente son père et sa belle-mère comme très ouverts et très "cool". Visage d'adolescente libérée certes, mais insuffisamment responsabilisée et prévenue des conséquences de sa libération sexuelle. Rien n'est dit non plus sur le ressenti de Juno par rapport à cette vie qui se développe en elle mais qui s'achèvera à la naissance par une séparation définitive. Un tel détachement est-il possible ? Un film français de 2004 ("Brodeuses" de Eléonore Faucher) a abordé ce sujet de manière plus réaliste et vraisemblable, du moins dans le contexte qui est le nôtre. Claire, l'adolescente de ce dernier film, décide elle aussi d'accoucher sous X. mais ce qu'elle vit tout au long de sa grossesse ne laisse pas de la transformer. Toute la question est donc : Juno est-elle représentative d'une adolescente américaine de la classe moyenne ou est-ce... un conte de fées ? (Maguy Chailley)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je n'ai pas vu le film mais je me demandais : peut-on imaginer aujourd'hui, aux Etats-Unis, un film sur une jeune fille bien dans ses basketts qui, dans la même situation, choisirait d'avorter ? Régine